Les trois tendances du secteur minier en Afrique de l’Ouest 

– Mouvement de fusion-acquisition  – Baisse des IPOs minières à Sydney et à Londres  – Recours grandissant au private equity, positionnement des milliardaires

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le 10/07/2020 à 11h15, par Africa Business+

Un mouvement de concentration est à l’oeuvre au sein du secteur de la recherche et de l’extraction de l’or en Afrique, en particulier dans le birimien ouest-africain, structure géologique à cheval sur le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Mali, le Ghana et la Guinée, qui concentre les compagnies d’exploration sur le continent.

La fusion, d’une valeur de 18 milliards de dollars, conclue début 2019 entre Randgold Resources, fondé par l’emblématique entrepreneur sud-africain Mark Bristow, et le canadien Barrick Gold alors piloté par John Thornton, actuel Executive Chairman de Barrick, a accéléré ce mouvement. Et ce sur fond de baisse généralisée du nombre de découvertes de nouveaux gisements de métal jaune sur la planète et de ralentissement des places boursières minières à Londres (LSE) et à Sydney (ASX). Quoique Toronto (TSX), principale place boursière des miniers dans le monde, a enregistré une bonne performance en 2019 avec un nombre d’IPOs minières plus élevé qu’en 2018, mais inférieur à 2017. 

Les miniers se tournent de plus en plus vers le private equity

Au global, les investisseurs ont tendance à moins recourir aux marchés boursiers et à se tourner toujours davantage vers le private equity où les financements se multiplient. Longtemps son objectif, une IPO sur l’AIM de Londres a finalement été abandonnée par Toro Gold, le producteur d’or au Sénégal qui s’est financé avec Resource Capital Funds, Tembo Capital et Quantum Global, avant d’être racheté pendant l’été 2019 par l’australien Resolute Mining. Dirigé par John Welborn, coté sur l’ASX, Resolute avait réalisé un dual-listing sur le LSE juste auparavant pour accroître sa visibilité, mais sans lever de nouveaux fonds.

En janvier 2020, Avesoro Resources, la compagnie aurifère en production au Burkina Faso et au Liberia du milliardaire turc Mehmet Nazif Günal, s’est retirée des cotes de Londres et de Toronto où son cours ne cessait de s’éroder.  

Producteur d’or de premier plan, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, Endeavour Mining dirigé par Sébastien de Montessus a de nouveau tenté de fusionner avec l’égyptien Centamin (piloté depuis peu par Martin Horgan, le fondateur de Toro) à la fin de l’année dernière pour finalement essuyer un nouvel échec. Peine perdue, Endeavour, dont l’actionnaire de référence est La Mancha Holding du milliardaire égyptien Naguib Sawiris, a jeté son dévolu sur le canadien Semafo, actif entre autres au Burkina Faso, pour un rapprochement annoncé en mars de cette année. Benoit Desormeaux, président et CEO de Semafo est devenu président d’Endeavour suite à cette transaction.

Les milliardaires investissent dans l’or

Ancien magnat des télécoms, Sawiris s’était aussi positionné dans l’or dès 2018 au Ghana -l’ancien “Gold Coast” où opèrent de longue date les majors Newmont, Kinross, AngloGold Ashanti et Gold Fields– en prenant le contrôle de Golden Star Resources, géré par Andrew Wray, en cash pour 125 millions $. Et ce alors qu’Endeavour avait quitté ce pays en cédant sa mine d’or Nzema à BCM Group de Paul List, pour 65 millions $, en 2017. L’année suivante, BCM Group répond encore présent quand Endeavour poursuit la rationalisation de son portefeuille d’actifs et lui cède la mine d’or de Tabakoto pour 60 millions $. Début 2020, Naguib Sawiris confiait à Jeune Afrique Business+ son intention de créer un fonds d’investissement minier. 

Il n’est pas le seul outsider à parier sur l’or en Afrique de l’Ouest, à l’instar de David Mimran, le producteur de films et héritier du groupe Mimran (qui a fait fortune dans l’industrie du sucre sur le continent), qui est devenu l’actionnaire de référence du canadien Teranga Gold en 2016. Cette société, première opératrice d’une mine d’or industrielle au Sénégal, a racheté le gisement de métal jaune de Massawa dans ce pays auprès de Barrick pour 400 millions $ fin 2019. Une transaction réalisée pour renforcer son portefeuille d’actifs et renouveler ses réserves, comme vient aussi de le faire, ce mois-ci, West African Resources, fondé et dirigé par Richard Hyde, en reprenant le gisement de Toega de B2Gold (Clive Johnson Président et CEO) pour 45 millions $ au Burkina Faso. 

Dans ce pays, l’industrie aurifère compte comme acteur clé, aux côtés de Semafo et d’Endeavour, le russe Nordgold du milliardaire Alexey Mordashov avec les mines de Taparko, Bissa et Bouly. Nordgold, dont le CEO est Nikolai Zelenski, est aussi positionné en Guinée, sur l’exploitation de Lefa, une juridiction où Managem, le géant marocain de la mine placé sous la houlette d’Imad Toumi, son PDG, s’est implanté il y a quelques années.

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